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/ #396 voilà pourquoi il faut protéger des terrains comme la grand terre

2012-06-08 12:16


Pourquoi manger local ?


200 km à la ronde est LE documentaire réalité à ne pas louper dès ce soir sur France 5. L'émission, tournée il y a un an dans la région toulousaine, a demandé à cinq familles d'expérimenter pendant un mois un alimentation totalement relocalisée. L'occasion de faire le point sur les raisons qui animent les locavores, ces mangeurs saisonnariens à tendance pétrophobe - dont je fais partie, à ma petite échelle...

L'uniformisation du monde

Les locavores ne jettent pas la pierre à la mondialisation et aux avancées économiques et sociales qu'elle a engendrées, mais déplorent de retrouver partout les mêmes boutiques, les mêmes chaînes de restaurant, les mêmes marques et logos... La globalisation des échanges commerciaux a provoqué malgré elle un certain nivellement des goûts contre lequel s'insurgent les membres du réseau Slow Food par exemple. L'ouvrage de Naomi Klein, No Logo, incarne également ce ras-le-bol face aux excès et aux inégalités créées par le système. Ils défendent un respect des traditions culinaires traditionnelles et locales.

Le gaspillage alimentaire

Autre raison et pas des moindres : la malbouffe, l'hyper-alimentation et le gaspillage alimentaire. On ne nous apprend pas assez les rudiments d'une bonne alimentation et, trop souvent, on vit pour acheter plutôt que d'acheter pour vivre.

Manger local, c'est retrouver un lien au temps, aux saisons, aux saveurs, c'est limiter au maximum les additifs alimentaires, colorants et autres éléments comme l'huile de palme, les acides gras trans, les sulfites, etc.

Le toujours plus

Plus vite, plus loin... au point de doper le temps de pousse des fruits et légumes à hautes doses d'engrais et de pesticides, au point d'optimiser le cycle de vie du vivant qui est industrialisé dans des conditions déplorables... Ecoutez Claude Bourguignon (agronome fondateur du LAMS : Laboratoire d'Analyse Microbiologique des Sols) en parler dans cet extrait du documentaire de Coline Serreau, Solutions locales pour un désordre global :



Les locavores souhaitent raccourcir la distance qui sépare la fourche de la fourchette (2000 km en France, au Royaume-Uni en 20 ans, la distance parcourue par les produits alimentaire a augmenté de 50 %).

Le contrôle de l'alimentation

Les adeptes du locavorisme se positionnent moins en rebelles du système qu'en citoyens ayant à coeur de ne pas le subir. Maîtriser son alimentation, c'est aussi se préserver d'une certaine insécurité alimentaire liée à des scandales alimentaires d'une part, et à un manque d'autonomie alimentaire des régions d'autre part. Face à une rupture d'approvisionnement, savez-vous que la région Île-de-France ne dispose que de quelques jours de souveraineté alimentaire par exemple ?

L'eau virtuelle

Une raison peu évoquée et pourtant bien réelle, l'eau contenue dans les produits de consommation, aussi qualifiée d'eau d'emprunt. En faisant venir des ressources de l'autre bout du monde, et notamment de pays qui sont plus pauvres en eau, on prive les populations de ces pays d'une partie de leurs ressources en eau. En Thaïlande par exemple, un quart de l'eau disponible est utilisée pour produire des denrées agricoles destinées à l'exportation.

L'agriculture intensive

Est-il encore nécessaire de revenir sur ses effets ? les méthodes de cultures intensives ont des effets désastreux sur les sols (érosion, désertifications, perte de fertilité, taux de productivité agricole en baisse) et la biodiversité. Dire que le printemps silencieux de Rachel Carlson a été écrit il y a 50 ans déjà... Je me demande parfois si ma fille pourra encore apercevoir les vols d'hirondelles au printemps, quand elle aura mon âge...

Il a même été prouvé la semaine dernière que les OGM ont perdu la guerre contre les "mauvaises herbes", un argumentaire de plus (s'il en faut...) pour remettre en cause leur usage. Je vous conseille aussi la lecture du dernier livre de Marie-Monique Robin, Notre poison quotidien, ça calme.



La réduction des variétés dans l'assiette

Savez-vous que le nombre de légumes non hybrides est passé de 5000 à 600 entre 1981 et 1998 ? De plusieurs centaines de variétés de pommes dont nous disposions auparavant, nous n'avons que 5 ou 6 dans les rayons de supermarchés, toujours plus rondes et flamboyantes... les mêmes, partout. Les locavores militent pour le respect des semences dites anciennes, et pour la préservation de variétés qui tendent à disparaître.

Ils soutiennent donc des initiatives comme Kokopelli, Oh légumes oubliés, les Fruits retrouvés, le conservatoire de la tomate en Touraine... et j'en passe.

L'appauvrissement de l'économie locale

Last but not least, l'aspect économique. L'argent investi dans une entreprise locale génère plus d'argent pour le territoire et ses infrastructure que l'argent dépensé dans un supermarché par exemple. La New Economic Foundation a beaucoup travaillé sur le sujet et les spécialistes des monnaies locales l'expliquent aussi clairement, en insistant notamment sur la richesse des liens créés. Relocaliser sa consommation, c'est soutenir son territoire. Attention à ne pas tomber dans une logique nationaliste bien sûr... il s'agit seulement d'une logique localiste, la nuance est grande !

Comment faire ?

Relocaliser son alimentation, cela ne se fait pas du jour au lendemain. Le mieux est d'analyser ses habitudes alimentaires, de tester d'autres lieux d'achats (délaisser les supermarchés pour fréquenter un peu plus les marchés de producteurs, aller dans une AMAP ou dans une ruche), se renseigner sur les fruits et légumes de saison, retrouver le plaisir de cuisiner et passer du temps avec ses proches à savourer autrement le moment des repas, etc.

Pour être une adepte du locavorisme depuis 3 ans maintenant, je ne saurai que vous conseiller de suivre les 6 diffusions du documentaire réalité qui sera diffusé dès ce soir sur France 5. Pour ne rien vous cacher j'ai été consultée dans sa réalisation et je crois que je serai à l'écran dans l'une des deux premières émissions - ayant aidé les familles dans leurs premiers pas, je sais qu'ils ont tous adoré cette expérience (enfin de la télé intelligente non ?) ! Voilà d'ailleurs un premier extrait de l'épisode qui sera diffusé ce soir:



Alors, quand franchissez-vous le pas ? ;)

Pour aller plus loin

Le blog 200 km à la ronde
Locavore'Spirit petit blog qui accompagne un guide sur le sujet ;)
A lire: l'avis de l'ADEME sur les circuits courts alimentaire de proximité (PDF)
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