MANIFESTE POUR L’AMÉLIORATION DU SYSTÈME DE SANTE AU CAMEROUN
MANIFESTE DES MEDECINS POUR L’AMÉLIORATION DU SYSTÈME DE SANTE AU CAMEROUN
AUTEUR : L’ORGANISATION DES MEDECINS DU CAMEROUN (MEDCAMER)
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MERCI
PREAMBULE
Nous sommes des médecins camerounais exerçant dans notre pays et aux quatre coins du monde, unis par l’amour de notre patrie, de notre profession et de nos patients. Nous décidons aujourd'hui de sortir de la réserve qui caractérise notre métier en écrivant ce manifeste.
Notre objectif est de contribuer à l'amélioration de notre système de santé, pour la satisfaction de tous.
Notre système de santé vit une crise dramatique qui affecte nos vies, nos corps, nos âmes et notre honneur. Des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants meurent chaque jour dans les formations sanitaires de notre pays, faute de pouvoir subvenir aux coûts de leurs soins. Nous assistons à une récurrence de dysfonctionnements criards, signe qu’il est temps d’effectuer une profonde reforme. Parce que le poids de ces défaillances est endossé par tout le personnel soignant avec un stoïcisme poussé aux limites du supportable, en nos âmes et consciences, et en ce moment crucial de l’histoire de la profession médicale au Cameroun:
►NOUS NE POUVONS plus rester muets devant la détérioration de la qualité des soins dans les structures de soin des secteurs public et privé au Cameroun.
►NOUS NE POUVONS plus assister impuissants à tous ces décès évitables survenant à tous les âges dans les différentes structures sanitaires de notre pays pour des questions financières, d’infrastructures ou d’équipements, tout le long du parcours des soins.
►NOUS SOMMES SCANDALISÉS par la recrudescence du dénigrement et des agressions perpétrées à l’encontre du personnel soignant tenu pour responsable de tous les maux du système de santé, dans l’indifférence générale.
►NOUS REFUSONS de porter la responsabilité de la politique de santé publique alors que nous ne sommes pas seuls décisionnaires des orientations stratégiques, notamment les aspects de financement de la santé et d'accessibilité des soins.
►NOUS REFUTONS les allégations selon lesquelles l’absence d’un système d’assurance maladie universelle serait le fait d’un manque de ressources alors que des pays moins nantis que le nôtre y sont parvenus, preuve que des solutions existent.
►NOUS DENONÇONS le mercantilisme et les mauvaises pratiques au sein de notre profession et nous continuerons de participer à les combattre dans le respect du code de déontologie médicale.
►NOUS DEPLORONS l’insuffisance des moyens techniques mis à notre disposition nous contraignant à des pratiques souvent anachroniques, parfois approximatives et non conformes aux recommandations internationales basées sur l’évidence scientifique.
►NOUS DEPLORONS la faible implication de la population dans les problématiques de la santé, sur des aspects aussi différents que la prévention, la participation communautaire, mais aussi les processus de prise de décision.
►NOUS DEPLORONS la timide régulation de la consommation des produits nocifs pour la santé (alcools, tabac, boissons gazeuses, aliments souillés…) et des produits issus de notre médecine traditionnelle, ainsi que la faible répression de la vente illicite des médicaments contrefaits dans les rues de nos villes.
►NOUS REFUSONS la condition matérielle inique qui est la nôtre et la condescendance avec laquelle nous sommes traités au sein de nos institutions d’attache, par les pouvoirs publics, nos employeurs et certains de nos concitoyens.
►NOUS NOUS INSURGEONS CONTRE la faible rétribution de notre pratique et demandons la revalorisation de celle-ci pour les médecins des secteurs publics et privés, ainsi que les infirmiers et autres personnels de la santé, à hauteur du coût de la vie, du niveau d’études, et des risques qu’ils encourent.
►NOUS DENONÇONS les redistributions inéquitables des revenus hospitaliers issus de nos propres prestations, et pris en otages par des responsables dans nos lieux d’attache.
►NOUS CONTESTONS la gestion autoritaire de certains dirigeants de nos hôpitaux et cliniques d’exercice qui ne tiennent pas compte de nos aspirations à des conditions de travail optimales, pour le bénéfice de nos patients.
►NOUS DEPLORONS la médiocrité du profil de carrière du médecin, la centralisation et l’arbitraire de la gestion de ressources humaines, qui ne tient compte ni de la performance, ni de la compétence, ni des besoins réels dans les hôpitaux.
►NOUS REFUSONS la mise à l’écart des principaux acteurs de la santé que sont les médecins, les infirmiers et les autres personnels de santé, lors des débats institutionnels et des processus décisionnaires concernant la santé en général.
►NOUS ENTENDONS apporter notre force de propositions collectives, issues d’un consensus au sein d’une organisation fédératrice,
CONCERNANT :
I. LE DROIT À LA SANTE
Il est indispensable d’assurer à chaque citoyen de notre pays, et ce conformément à l’esprit de la Loi N°96/03 du 04 janvier 1996 portant Loi Cadre de la Santé au Cameroun, une prise en charge qui à défaut d'être universelle immédiatement, le dispense effectivement de payer pour l’accès aux soins dans les situations d’urgence vitales. L’institutionnalisation de la couverture maladie universelle devra être progressive et adaptée au contexte local.
II. LE FINANCEMENT DE LA SANTE
La santé n’a pas de prix mais elle a un coût et nous en sommes conscients. L’augmentation de l’allocation du budget de l’Etat au secteur santé qui serait actuellement autour de 9%, doit atteindre le minimum de 15% adopté par l’Union Africaine. L’accroissement du financement du secteur de la santé est un investissement sur le capital humain national, condition sine qua non pour garantir l’émergence du Cameroun. Nous proposons de trouver des moyens innovants basés sur les nouvelles technologies et la disponibilité des téléphones portables pour favoriser, faciliter et sécuriser le financement de la santé. Par exemple, la possibilité d’imputer une facture à un numéro de téléphone ou le paiement par de tierces personnes à distance. Nous plaidons pour l’émergence d’une industrie pharmaceutique locale capable de fabriquer des médicaments et consommables essentiels.
III. LE DROIT A DES PRESTATIONS DE QUALITE POUR LES PATIENTS
Il est indispensable d’assurer dans les formations sanitaires de tous les niveaux de la pyramide, un paquet minimum de soins de première nécessité garantis en toutes circonstances. Il est nécessaire de:
- Créer une plateforme de coordination et de gestion inter-hospitalière des urgences afin d’éviter les errances sources de destins funestes.
- Œuvrer à valoriser la notion de qualité de soins, selon des indicateurs reconnus.
- Garantir le confort et la sécurité des patients dans les établissements de soins.
- Instituer un identifiant unique et des dossiers médicaux informatiques standardisés pour permettre le suivi de chaque patient, au sein d'un hôpital et entre hôpitaux.
- Instaurer et systématiser un système de rendez-vous payables à l’avance selon des plages horaires prédéfinies, afin de diminuer le temps d’attente, et l’encombrement des services.
- Adopter une durée minimale règlementaire des consultations (30 - 60 minutes selon les spécialités), y compris du temps pour la documentation médicale.
IV. LA FORMATION MEDICALE
En vue d’améliorer la pratique médicale, l’éthique et les performances des soignants, nous préconisons d’établir :
- Un aménagement à tous les cycles, des programmes de formation médicale concernant l’éthique, la déontologie, la communication de crise, ainsi que la communication interprofessionnelle et avec les patients,
- Le renforcement du corps enseignant des établissements de formation, en améliorant substantiellement leur nombre et leurs revenus (salaire et primes de recherche),
- Un système de développement professionnel continu obligatoire après la formation initiale. De même qu’un système national de crédits pour la ‘’re-certification’’ périodique sous la supervision de l’Ordre National des Médecins du Cameroun (ONMC).
- Pour ce faire, il est nécessaire de mettre à disposition des professionnels, des moyens de développement d’aptitudes réglementés tels que : l’éducation médicale continue en ligne, les Enseignements Post Universitaire (EPU) et activités de recherches au sein des hôpitaux et institutions du MINSANTE au niveau district, régional et national, et la participation aux conférences nationales et internationales.
V. LES RESSOURCES HUMAINES EN SANTE
Nous préconisons:
- La répartition cohérente, équitable et harmonieuse des ressources humaines en santé en fonction de la densité médicale. Un roulement rigoureux, périodique et systématique dans les postes,
- Le droit pour les médecins spécialistes d'effectuer des consultations privées dans les structures publiques, sous certaines conditions n’entrainant aucune altération du service public.
- L’entretien de la compétitive des médecins fonctionnaires et des établissements hospitaliers par la création d’une bourse de l’emploi centralisée au travers de laquelle des postes seront mis officiellement au concours.
- L’activité professionnelle sous contrats d’une durée variable, renouvelable sur la base d’une évaluation de la performance à la satisfaction des deux parties,
- La création de mécanismes incitatifs avec des péréquations appropriées favorisant la répartition équitable des professionnels de la santé sur tout le territoire national.
- La création d’un office indépendant de la Direction des Ressources Humaines mais sous tutelle du MINSANTE, qui serait dédié à la gestion de la formation des personnels médico-sanitaires.
- L’accélération du processus de décentralisation de la gestion des actes de carrière, pour l’application des procédures automatiques d’avancement et de progression.
VI. LA COMMUNICATION PROFESSIONNELLE EN SANTE ET LES RETOURS D’INFORMATION
Il est primordial que la promotion d’une culture de la communication entre les soignants et les patients soit mise en place et règlementée.
Il est essentiel de développer et systématiser des outils de communications et d’échanges d’informations professionnelles au sein et entre les formations sanitaires, sur tout le territoire camerounais.
Les nouvelles technologies peuvent et doivent être utilisées pour l’implémentation d’un mécanisme indépendant et anonyme de veille citoyenne, afin d’évaluer en temps réel la satisfaction de la clientèle/patients dans nos formations sanitaires.
VII. LA CONDITION PROFESSIONNELLE
Nous voulons pour les médecins et les personnels paramédicaux des formations sanitaires publiques :
1. La simplification et la réduction du coût des procédures d'intégration à la Fonction Publique.
2. La réduction du délai de prise en charge financière, suite à l’intégration
3. La garantie d’une avance de solde systématique pendant les périodes d’intégration, et surtout avant tout déploiement.
4. La garantie d’un logement décent et sécurisé dans les postes d’affectation enclavés, de forte pénibilité ou dangereux,
5. L’harmonisation des divers statuts des agents de l’Etat actifs dans la santé (Fonctionnaires vs PPTE vs 25 000 vs Contractuels vs Décisionnaires, etc.…)
6. Le report de l’âge de départ à la retraite de 55 à 60 ans, afin de pallier au déficit en personnel expérimenté aussi bien dans la pratique hospitalière que dans l’enseignement.
Nous voulons pour tous :
1. La promotion de la télémédecine et la création d’outils de communication entre professionnels,
2. L’encouragement et le soutien de la recherche et de l’innovation dans tous les domaines de la santé,
3. Les mesures incitatives (organisationnelles, matérielles et financières) pour mobiliser toute l'expertise médicale de la diaspora camerounaise pour les soins et l’enseignement.
VIII.LA RÉMUNÉRATION DES PROFESSIONNELS DE LA SANTE
Nous voulons la revalorisation des primes et indemnités des personnels de santé des secteurs public et privé basée sur le coût de la vie, les compétences, les exigences de formation, ainsi que les contraintes et les risques.
Nous voulons pour les médecins, les infirmiers, et personnels paramédicaux du secteur privé
1. La réévaluation de la grille salariale du secteur tertiaire en faveur des professionnels de la santé
2. L’harmonisation, et la stricte application, de la réévaluation sus mentionnée par les conventions collectives dans toutes les structures de soin du secteur privé.
Nous voulons pour les médecins, les infirmiers, et autres personnels paramédicaux, du secteur public l’augmentation des :
- Indemnités de logement à hauteur du salaire de base actuel
- Primes d’astreinte
- Primes de technicité
Nous souhaitons également pour les médecins fonctionnaires :
- L’harmonisation règlementée de l’attribution et du calcul du montant des quotes-parts basée sur le rendement effectif dans les hôpitaux publics à catégorie égale,
- La bonification conséquente de l'échelon des spécialistes dès le reclassement,
- L’instauration règlementée de consultations privées à l’hôpital, en dehors des heures de service et en accord avec la direction à raison de deux demi-journées par semaine pour les médecins spécialistes, et une demi-journée pour les médecins généralistes,
- L’instauration de primes et d’indemnités spéciales, notamment :
* Prime forfaitaire de risque
* Indemnité forfaitaire de transport
* Indemnité forfaitaire pour travail de nuit, des dimanches et jours fériés
* Indemnité forfaitaire de chaussures et vêtements de travail
* Indemnité forfaitaire pour travaux dangereux, insalubres ou incommodes
* Indemnité de résidence ou prime d’éloignement, à visée incitative concernant les lieux d’affectation enclavés ou dangereux, selon une péréquation basée sur la distance.
IX. L’ADMINISTRATION ET LA GESTION DES HÔPITAUX
Nous souhaitons :
1. La mise en place de collèges ‘’internes’’ aux structures sanitaires pour assurer la désignation des administrateurs parmi des candidats qualifiés par une formation spécifique reconnue,
2. Le management des districts de santé par des spécialistes de santé publique,
3. La promotion des bonnes pratiques médicales et infirmières dans les services d’urgences,
4. La gestion de l’éthique par un comité dédié, au sein des structures hospitalières,
5. La re-certification des professionnels de la santé par un organisme Independent dans le cadre de la formation médicale continue, accrédité par l’Ordre National des Médecins du Cameroun (ONMC).
6. La désignation des responsables hospitaliers par un collège de pairs.
7. La direction des établissements hospitaliers par des médecins formés en management. La gestion administrative pouvant être déléguée à des diplômés d’écoles d’administration, de la filière “Administration des hôpitaux” (ENAM en l’occurrence).
De façon concrète nous proposons de :
- Promouvoir une médecine basée sur les évidences générées par la recherche clinique dont la promotion doit être faite et à laquelle des budgets spécifiques devront être attribués annuellement,
- Attribuer une part des recettes hospitalières à l’amélioration des techniques et des connaissances pour de meilleures performances,
- Garantir une prise en charge médicale multidisciplinaire et collégiale en constituant quel que soit le niveau sanitaire des équipes comprenant au minimum 2 personnes par centre de soins (idéalement quatre personnes dont une pour chaque grand groupe de pathologies).
- Conditionner le déploiement de jeunes médecins dans les formations sanitaires périphériques, à l’exécution d’une période d’imprégnation sous supervision/tutorat de 6 - 12 mois dans les hôpitaux régionaux.
X. LA SECURITE AU TRAVAIL POUR LES MEDECINS ET LE PERSONNEL SOIGNANT
Nous préconisons :
1. L’installation et le contrôle règlementé de la fonctionnalité des infrastructures et du mobilier de travail dans les formations sanitaires publiques et privées,
2. L’installation et le contrôle des commodités décentes sur les lieux de travail : eau courante, électricité, toilettes, vestiaires,
3. La mise en place de mesures préventives et la prise en charge totale des accidents liés à tous les risques biologiques en milieu hospitalier :
- Solution hydro-alcoolique de production locale, pour la désinfection des mains, disponible pour tous,
- Vaccinations effectives, obligatoires et gratuites pour tous travailleurs en poste dans les établissements publics de santé contre; l’hépatite B, la poliomyélite, le tétanos, la diphtérie, la tuberculose ainsi que le pneumocoque et les méningocoques dans les zones à risque. Ceci concerne également les stagiaires et les étudiants.
4. La mise à niveau du plateau technique des établissements de soins, selon leur niveau dans la pyramide sanitaire.
5. L’instauration d’une politique de santé au travail pour le suivi régulier des praticiens afin d’évaluer et définir l’impact des conditions professionnelles sur la santé physique et mentale.
RESOLUTIONS
Profondément attachés:
- au principe d’une médecine de qualité égale pour tous, et d’une sécurité sociale solidaire à l’échelle nationale,
- à la relation de confiance soignants/soignants et soignants/soignés nécessaire à la qualité des soins,
- à la nécessité de soigner tous les malades en notre âme et conscience, dans des conditions décentes;
NOUS:
- louons l’initiative actuelle du gouvernement de réformer notre système hospitalier, et apprécions l’ouverture à des groupes de médecins,
- déclarons en tant que médecins du Cameroun, notre résolution à travailler avec les instances régaliennes afin de contribuer à l’amélioration du système de santé camerounais.
LE 22 AVRIL 2016
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