Non à la taxe kilométrique-Neen aan de kilometerheffing-

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#25511

2014-03-04 11:31

Dans un train entre Bruxelles et Ottignies, l’Etat de droit n’existe plus. La présomption d’innocence devient présomption de culpabilité à cause d’un simple billet rempli au stylo à encre.

Une opinion de Nathalie Frogneux, professeur de Philosophie à l’Université catholique de Louvain.

Une histoire tellement ordinaire, si elle ne disait la limite de l’Etat de droit auquel je tiens tant. Mardi soir, en rentrant de Paris avec le Thalys de 19h47, j’achète un billet au distributeur de la gare du Midi. Il est 19h51, un billet standard de dix trajets simples Bruxelles-Ottignies s’imprime dont je remplis la première ligne avec un stylo pour monter dans le train. Ouf, il n’est pas en retard et je serai bientôt chez moi. C’est sans compter l’inimaginable pour une Belge si habituée à vivre dans un Etat de droit. Un contrôleur s’approche et je lui tends mon billet. "Avec quel bic l’avez-vous rempli ?" me demande-t-il. Avec un stylo des plus classiques, à l’encre bleue. Je le lui montre. Plutôt que de poinçonner mon billet et ainsi de m’empêcher de le réutiliser, il me soupçonne d’avoir utilisé un stylo qui me permettrait éventuellement d’effacer mon parcours. C’est ainsi qu’il commence à frotter la ligne que j’ai écrite. Il s’efforce si bien que les lettres se brouillent et les données s’effacent. Je lui propose alors de réécrire la ligne avec un stylo à bille que je trouve au fond de mon sac. Mais à ce moment-là, il hausse le ton et me dit que je suis en tort, puisque je voyage "sans titre de transport valable". Je comprends alors tout à coup que les choses sont devenues sérieuses et que j’ai affaire à quelqu’un qui me soupçonne de vouloir frauder. Non pas d’avoir fraudé, mais de me garder cette possibilité pour les prochains trajets. Je tente alors de lui prouver ma bonne foi, chose quasiment impossible. Alors je souligne les signes en ma faveur : je ne peux pas avoir fraudé avec un billet Bruxelles-Ottignies que je viens d’acheter dix minutes avant de monter dans le train de 20h03. De plus le papier du billet est glacé, et j’ai utilisé de l’encre qui s’efface bien contre ma volonté, car elle est indélébile sur 99 % des papiers, sur un papier ordinaire, ordinairement poreux. Mais chaudement campé dans son uniforme, il monte le ton. Mes arguments ne l’atteignent pas : il ne se situe pas du tout sur le plan rationnel que je lui oppose. Il exerce son autorité.

J’ai eu peur, je l’avoue

Il prend mon billet de dix voyages et refuse que j’en remplisse la ligne suivante au motif que ces billets doivent être remplis "avant de monter dans le train". Je me trouve donc, selon lui, dans le train sans titre de transport valable. Dans une dernière tentative de lui prouver ma bonne foi, je lui montre mon billet précédent de dix trajets, celui que j’ai utilisé à l’aller lundi matin, entièrement utilisé, mais partiellement contrôlé…

Rien n’y fit. Il me soupçonnait d’avoir utilisé un stylo qui me permettrait éventuellement de frauder. Son "chef" était présent et n’a pas voulu le déjuger. Il y avait cinq contrôleurs dans ce train, tous solidaires, la "Ticket Control Team", sûre de son droit et impitoyable avec les voyageurs. Sans doute voulaient-ils tous faire front face à l’adversaire que constitue l’usager de bonne foi. Aucun n’a voulu prendre part à notre discussion. L’un d’entre eux m’a seulement fait remarquer : "Ce sera le cas tant que les voyageurs rempliront eux-mêmes leurs billets." Les autres ont passé leur chemin. Mais suis-je responsable du fait que la SNCB vende des billets que les voyageurs remplissent ? Suis-je responsable du fait qu’elle émet des billets sur du papier quasiment glacé ? Mais surtout, est-il normal que les voyageurs soient a priori soupçonnés de fraude alors que le contrôle sert justement à oblitérer des billets pour empêcher de les réutiliser ? N’est-ce pas le cas des billets émis à l’avance et valables un mois ? Comment ne pas soupçonner ceux qui les portent de vouloir les réutiliser tant qu’ils ne sont pas oblitérés ? Et pourtant, un billet non oblitéré, n’est-ce pas par définition un billet valable ?

J’ai compris alors que soudain, entre Bruxelles-Midi et Ottignies, j’avais cessé d’être dans un Etat de droit. Dans un wagon de ce train, les principes démocratiques fondamentaux n’étaient pas respectés. La présomption de culpabilité régnait en effet dans le regard fixe du mal nommé "accompagnateur" de ce train. Il m’a obligée à lui acheter un billet majoré d’une amende de 12,50 €. Et si j’avais refusé, l’amende passait à des montants supérieurs (60 ou 200 €), mais surtout il me prenait ma carte d’identité. J’ai eu peur, je l’avoue. J’ai eu peur non pas de payer plus cher mon trajet, mais parce que la raison, la bienveillance et la communauté de ceux qui aiment les transports publics avaient disparu. Ensevelies sous le soupçon sans limite. Ironiquement, sur mon billet de contravention, il est inscrit : "le respect mutuel, c’est classe".

Une expédition punitive et arbitraire

Mais que cherche donc la SNCB ? Ne sommes-nous pas usagers et "accompagnateurs", persuadés que ce moyen de transport rapide, confortable, respectueux de l’environnement et convivial doit être précieusement préservé ? Alors que la SNCB nous demande face aux retards, aux changements d’horaires et aux nombreux travaux, toujours plus d’indulgence et de compréhension à son égard avec sa très célèbre formule : "Nous vous prions de bien vouloir nous en excuser", comment peut-elle se permettre une telle injustice face à un usager de bonne foi, désireux de poursuivre la lecture entamée quelques heures plus tôt ? "Mais il s’agit peut-être de l’erreur d’un membre isolé du personnel", me dira-t-on. Hélas non, c’est l’institution qui faisait bloc et se faisait représenter à travers celui qui n’a pas voulu me donner son nom. Cachés aussi derrière cet anonymat institutionnel, aucun des quatre collègues n’a nuancé ou dénoncé cette outrance. Il s’agissait d’une position injuste portée par 5 personnes en uniforme de la Société nationale des Chemins de Fer belges, cinq personnes qui ont préféré entériner une injustice plutôt que de déjuger un collègue commettant une erreur. La raison et l’argumentation avaient fait place à la raison du plus fort, celle qui sera toujours la meilleure, comme le dit Jean de la Fontaine. Et bien sûr, parmi les passagers, personne n’a pris position. Comment auraient-ils pu le faire face à une situation aussi inattendue et irrationnelle ? J’ai seulement entendu derrière moi une voix masculine dire : "C’est vraiment de l’excès de zèle."

Mardi, je suis sortie de ce train avec le sentiment d’avoir été victime d’une expédition punitive et arbitraire. Mais une victime trop consciente du trésor précieux que représentent des transports en commun accessibles à tous et les valeurs de l’Etat de droit pour passer cette dérive sous silence.

Ce matin, en reprenant le train vers Bruxelles, je garde deux questions. La SNCB peut-elle échapper sur son réseau aux règles de base de l’Etat de droit, où toute personne est présumée innocente jusqu’à preuve du contraire ? N’est-ce pas en dénonçant ces petites corruptions ordinaires, ces corruptions de l’esprit du droit et du vivre ensemble, que nous éviterons des corruptions de grande ampleur pour lesquelles il faut ensuite lutter au prix de sa vie ?

Réponses

MIA

#25526 Re: pour ces merdeux

2014-03-04 11:50:48

#25511: -

il fallait porter plainte  à l'encontre de ces contôleurs pour ABUS DE POUVOIR ET APPELLER LA POLICE

les contrôleurs s'en seraient retournés la Queue entre les jambes!

Canule

#25533 Re:

2014-03-05 10:12:23

#25511: -

 

 

Bien, comme dit Mia il fallait porter plainte, un accompagnateur ou contrôleur ne peut s'approprier votre carte d'identité, même un agent de sécurité ne le peut la loi Louis Tobback y fait référence sur les titres d'identité, seul une autorité investie de ses pouvoirs, la police le peut pour procéder à votre identification, mais ne peut vous priver de votre document d’entité, sauf si vous demandes de les accompagnés. La loi est clair, là il y a abus de pouvoir aggravé par l'intimidation et la conséquence d'aggravation de traiter une personne de fraudeur, car la loi prévoit qu'il peut y avoir une suspicion... Mais ses accompagnateurs et contrôleurs ne peuvent prétendre et n'ont aucune habilitation pour utiliser cette suspicion.

Moi, j'aurai porté plainte à une autorité compétente et de plus à la SNCB et palcé cet incident sur le net.

C'est scandaleux! Puis ils se plaignent qu'ils sont mal vus du public, normal ils n’ont pas la formation adéquate et de la manière d’aborder les voyageurs, car ils se croient investi de pouvoirs de police, ce qu’ils n’ont pas, car en cas de doute et la problématique de se faire d’arriver à leurs fins, si le voyageur ne s’exécutes-pas, ils doivent obligatoirement faire appels aux forces de l’ordre, seules compétentes en la matière.