Pour la fermeture de « l'université » Fernando Pessoa à La Garde

dent ton cul

/ #122 ADIEU: article Lemonde =) bonne nvlle pr fermeture

2012-12-28 11:12

Le projet d'ouvrir à Toulon une antenne de l'université portugaise privée Fernando Pessoa pour former des professionnels de santé (dentistes, orthophonistes, pharmaciens) semble fort compromis. Le flou de sa mise en oeuvre a fait vivement réagir ses partenaires et les autorités françaises ou portugaises.
Ainsi, le Centre hospitalier intercommunal (CHI), qui accueille cette filiale de l'université Pessoa dans un bâtiment désaffecté a décidé de ne plus l'héberger : "On nous avait parlé de sciences humaines, mais lorsque nous avons découvert qu'il s'agissait d'études de santé, nous avons décidé de résilier la convention précaire d'un an", indique Frédéric Rodrigues, secrétaire général du CHI.

De son côté, la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, Geneviève Fioraso, a demandé à la rectrice de l'académie de Nice de saisir le procureur pour infraction au code de l'éducation. Car, outre l'utilisation estimée frauduleuse du mot "université", réservé aux établissements publics, la rectrice déplore que le projet ait fait une déclaration incomplète : il manque le nom et le curriculum vitae des professeurs, et pour la pharmacie, la description des équipements, laboratoire, bibliothèque, jardin médicinal.

"Ce sont des exigences minimales pour former des professionnels de santé, rappelle Geneviève Fioraso. Par ailleurs, l'année est facturée entre 7 500 et 9 500 euros. Je trouve presque immoral d'exploiter ainsi le désarroi des jeunes." Elle rappelle que "l'Etat italien a déjà interdit deux fois une telle implantation."

Les responsables français de l'université privée restent évasifs : "J'ai en vue un laboratoire pour le cursus de pharmacie, qui démarrera en janvier", indique Jacques Lachamp, responsable de cette filière. "Nous négocions avec des dentistes, notamment parisiens, pour nos stagiaires en odontologie", assure Bruno Ravaz, vice-président. "Nous délivrerons un diplôme portugais, valable dans l'Union européenne, si bien que ces règles ne nous sont peut-être pas applicables", estime M. Ravaz, par ailleurs avocat, qui envisage de porter l'affaire devant la Cour de justice de l'Union européenne.

SIGNALEMENTS

Le secrétaire d'Etat à l'enseignement supérieur portugais, João Filipe Queiró, est tout aussi net : "L'expression "diplôme portugais" peut faire croire aux lecteurs qu'il s'agit de diplômes universitaires reconnus officiellement au Portugal, ce qui n'est pas le cas. Les cours que l'université citée dispense au Portugal ont certes été reconnus par l'Agence portugaise d'évaluation et d'accréditation, mais n'ont pas vocation à être dispensés en France. (...) En effet, cette accréditation tient compte des conditions et des lieux des cours, du corps enseignant, des installations. Elle n'est donc pas transférable par une université d'un pays à l'autre. Ainsi, l'université Fernando Pessoa, même dans le cas de diplômes qu'elle octroie, n'a pas la compétence pour délivrer des diplômes portugais en France."

Par ailleurs, l'université Fernando Pessoa a été repérée par la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), qui met en cause une formation délivrée à Porto (Portugal) mais aussi à Ivry (Val-de-Marne) en "fasciathérapie", une technique de massage corporel. "Dans le domaine de la santé, ces pratiques que je qualifie de charlatanisme car non évaluées scientifiquement, font souvent le lit de dérives sectaires", observe Serge Blisko, président de la Miviludes, qui fait état de plusieurs signalements. Le conseil de l'ordre des masseurs-kinésithérapeutes a prévenu le 22 juin que "les techniques de fasciathérapie ne peuvent être présentées comme salutaires, puisqu'insuffisamment prouvées et potentiellement illusoires".