Non à la modification du PLU d'ALBA LA ROMAINE

non à la destruction des terres agricoles

/ #436 bien vivre à ALBA

2012-09-25 09:33

http://transports.blog.lemonde.fr/2012/09/24/la-ville-qui-ne-voulait-pas-mourir/

A l'appel de l'association "Bien vivre à Pézenas", une bonne centaine d'habitants et de militants venus des environs se sont retrouvés sur la place Gambetta, devant le musée consacré à Boby Lapointe, natif de la ville. Le courroux des manifestants vise un projet de centre commercial, appelé "Les jardins de Bonneterre" et porté par Alain Vogel-Singer, le maire divers droite.




Une histoire qui remonte au Moyen-Age, des hôtels particuliers, un théâtre fondé par Molière, un château détruit par Richelieu, un ghetto juif, des brocanteurs et des spécialités gourmandes. Pézenas (Hérault), 8500 habitants, est une honnête petite ville, proche de Béziers mais non loin de Montpellier, à une quinzaine de kilomètres du littoral. Aux beaux jours, des touristes lassés des plages du Languedoc déambulent dans les rues de la cité, admirent les quelque 30 monuments historiques, visitent les boutiques où l'on trouve des produits estampillés "du sud" ou s'attablent à une terrasse de café. A l'occasion, les visiteurs paient en "occitans", une monnaie locale créée en 2011 pour favoriser l'approvisionnement en produits locaux.

Ce dimanche 23 septembre, une manifestation et des chants animaient le cœur historique. A l'appel de l'association "Bien vivre à Pézenas", une bonne centaine d'habitants et de militants venus des environs se sont retrouvés sur la place Gambetta, devant le musée consacré à Boby Lapointe, natif de la ville. Le courroux des manifestants vise un projet de centre commercial, appelé "Les jardins de Bonneterre" et porté par Alain Vogel-Singer, le maire divers droite.

30 hectares, un hypermarché, un bowling, etc. Sur une colline située à proximité immédiate de l'A75, l'axe qui relie Clermont-Ferrand à Béziers, un promoteur espère lotir un espace de 30 hectares. Ce terrain accueillerait, dans une formation en arc-de-cercle, un hypermarché, un cinéma, des boutiques, un centre médical ou encore un bowling, le tout étant naturellement entouré d'une nappe de bitume qui servira de parking. Le projet, détaillé dans une plaquette imprimée mais sur aucun site Internet, peut séduire. Le petit ingénieur qui sommeille en chacun de nous peut même y voir un projet harmonieux et un développement ambitieux. "Fluidité, proximité, symbiose avec la nature", promet la plaquette de présentation.

Au fond, 'les jardins de Bonneterre" ressemblent à tous ces "espaces de vie" qui fleurissent aux alentours des villes de France et prétendent "réenchanter la ville". Alors, pourquoi une partie des Piscénois (c'est comme cela qu'on appelle les habitants de Pézenas) s'opposent-ils à cet espace-là, en particulier ? "Le projet risque de tuer les commerces de centre-ville", répond Georges Lopez, brocanteur et président de "Bien vivre à Pézenas". L'homme s'esclaffe lorsqu'il raconte que la mairie a songé à doter le projet d'une piste cyclable. "Ah oui, et une fois que les cyclistes auront fait leurs courses, ils reviendront comment ?"

Tout-voiture. Dans une région où la quasi-totalité des foyers possèdent un véhicule, il sera plus simple, plus rapide et moins contraignant d'effectuer quelques kilomètres à l'abri dans son habitacle pour s'approvisionner quotidiennement plutôt que de se rendre, à pied, dans les boutiques, pourtant parfaitement achalandées, du cœur historique. "Une sortie d'autoroute permettra aux automobilistes de se rendre directement sur les lieux. Plus personne ne passera par la ville", déplore M. Lopez, qui se demande comment feront les habitants lorsque le prix du carburant aura encore augmenté. Pour le commerçant, le projet, qui abrite 90 000 m² de surface commerciale, "n'a aucun avenir". "Bien vivre à Pézenas" se réfère à Odysseum. L'un des derniers programmes grandioses imaginés, à Montpellier, par Georges Frêche, propose une surface commerciale deux fois plus petite mais connaitrait déjà des difficultés.

Complot franc-maçon ? Les militants font circuler une pétition, qui a déjà recueilli 5500 signatures. Ils dénoncent le gaspillage des terres agricoles et la destruction des vignes. L'association dispose du soutien de certains responsables politiques locaux, notamment écologistes et communistes, et dit recevoir l'appui du nouveau député socialiste de la circonscription, Sébastien Denaja. Tous les arguments sont les bienvenus, même les plus farfelus. Certains militants croient voir, derrière le projet, un complot des grandes marques et des bétonneurs, voire une œuvre maçonnique. "Le maire et le promoteur sont tous deux francs-maçons", affirme d'un air grave une militante.

"Les Hangars du Pétrole". Quoi qu'il en soit, les Jardins de Bonneterre, que l'on pourrait rebaptiser "Les Hangars du Pétrole", bouleverseraient l'économie et la vie locales. L'usage immodéré de la voiture viderait la ville, comme cela se produit dans de nombreuses bourgades qui ont fondé leur développement économique sur un ou plusieurs complexes de ce genre. Pour les commerçants comme pour les habitants présents dimanche, la ville voisine de Béziers, ses avenues désertées et ses caméras censées assurer la sécurité, fait figure de repoussoir. "Le dernier projet, réalisé il y a quelques années, a achevé de transformer la ville. Même le MacDo est parti en périphérie", raconte Mathieu Bouchard, militant écologiste et membre actif de "Bien vivre à Pézenas".

Dimanche soir, un débat se tenait dans l'Illustre théâtre, celui où Molière fit ses pas d'acteur. On apprenait qu'à Clermont l'Hérault, à une vingtaine de kilomètres de Pézenas, un autre centre commercial avait vu le jour, doté lui aussi d'un hypermarché... et d'un bowling. Au cours du débat, une Piscénoise ne cachait pas son étonnement : "pourquoi prendre sa voiture pour aller au bowling alors qu'on peut jouer aux boules sur la place du village ?"



Précision utile : si j'étais sur place dimanche, c'est pour parler publiquement, en tant que co-auteur de "La tentation du bitume" (ici), et à l'invitation de "Bien vivre à Pézenas", de la notion d'étalement urbain. La ville et la voiture, c'est un peu comme la poule et l’œuf. Pour être complètement transparent vis-à-vis des lecteurs, je précise que j'ai aussi signé la pétition.