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/ #2058 EDF, EPR D' HINCKLEY POINT : "TO BE OR NOT TO BE" ?

2016-03-10 09:41

Tout le monde a pu lire mes articles récents sur la situation financière assez catastrophique d' EDF, il y a une dizaine de jours. Depuis, on a appris, ce 7 mars 2016, la démission du Directeur Financier du groupe, Thomas PIQUEMAL, suscitée par un désaccord sur le projet de construction de deux réacteurs EPR au Royaume-Uni, sur le site d' Hinckley-Point, dans l' ouest de l' Angleterre. Pour T. PIQUEMAL, il n' y a pas de doute sur la question de l' avenir du nucléaire, auquel il croit, comme tous les dirigeants du groupe, le PDG Jean-Bernard LEVY en tête, mais sur la faisabilité actuelle, à la lumière de l' état financier de l' entreprise. 

Le projet et la réalité financière :

Ce projet ambitieux est chiffré à 23,3 milliards d' euros, évaluation actuelle, mais qui pourrait être dépassée ; ce chiffre, provisoire donc, est à rapprocher de la situation d' EDF, avec 19 milliards d' euros de capitalisation boursière, la valeur de l' action ayant encore baissé, 37 milliards d' euros d' endettement cumulé, et 50 milliards d' euros à financer dans les dix ans pour prolonger la "vie" des centrales PWR françaises. On voit tout de suite que cela ne colle pas, et que le projet Hinckley-Point est disproportionné pour les finances d' EDF. Il faut dire aussi que l' éventuelle future centrale ne devait être financée qu' à hauteur de 40 à 50% par EDF, d' autres investisseurs devant intervenir : mais seul un contorsium chinois, CGN a accepté de participer pour un tiers du financement, et EDF devrait donc assurer les deux tiers restants !

Les considérations politico-diplomatiques :

La démission de T. PIQUEMAL a entraîné une mise au point du PDG JB. LEVY, qui a réaffirmé la poursuite du processus, tout en ne prenant pas pour le moment de décision définitive. Il a le soutien exprimé du gouvernement français et de David CAMERON, Premier Ministre britannique, qui ont évoqué ce sujet lors d' une entrevue récente à propos de Calais et de l' éventuel "Breixit". Cela étant, EDF attend certainement plus avant de prendre une décision, car en l' état actuel, une recapitalisation par ses actionnaires est indispensable (donc surtout par l' Etat français, actionnaire à 84,5%...). Les britanniques mettront-ils aussi la main au porte-monnaie ? C' est fort peu probable, car contraire à l' idéologie libérale en vigueur outre-Manche.

Est-ce que ce projet est intéressant pour EDF et pour la France ? Oui et non, il ya du pour et du contre...

- Dans le pour, cela conforterait la présence française sur le marché britannique de l' électricité, et constituerait probablement un retour d' expérience technologique utile pour la suite de la filière EPR, qui n' a pas encore totalement fait ses preuves. En même temps cela pourrait renforcer la conviction de nos amis britanniques dans la voie d' une production électrique pilotable, et leur renoncement aux EnR intermittentes autres qu' "off-shore"...

- Sur le contre, il faut souligner que cela ferait 3300 MW de puissance nucléaire supplémentaire au Royaume-Uni, vers lequel nous exportons annuellement entre 10 et 15 TWh : gageons qu' avec cette puissance supplémentaire, nos exportations pourraient baisser, dans un marché européen en surproduction électrique globale, ce qui pourrait déséquilibrer un peu plus le marché, ce qui n' est pas une bonne chose pour EDF ni la France...

UN DOSSIER DELICAT A SUIVRE DONC, AVANT UNE PRISE DE DECISION FINALE...

 




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