Sauvons la Forêt de Taillard

Le réseau électrique de l' Ouest de la France n' a pas résisté aux fortes chaleurs du Mardi 30 juin, jusqu' à un million de foyers dans le noir pendant de longues heures, des activités économiques paralysées, etc...

QUELLES SONT LES CAUSES ?

Il s' agit, selon RTE, d' un enchaînement de pannes en cascade dans des postes de transformation électrique (plus ou moins vétustes) accompagnées d' incendies vite maîtrisés (dans la centrale thermique de Cordemais, Loire-Atlantique), mais avec une série de coupures résultantes sur le réseau à 63 000 volts...

Les raisons plus profondes de ces dysfonctionnements sont plus complexes : certes il y a bien des "incidents sur les appareils de mesure qui n' auraient pas supporté les variations de températures des 24 dernières heures"... Il faut quand même relativiser, car la canicule n' était pas la plus forte dans l' Ouest, dont les départements n' étaient pas en alerte ! 

La réalité est plus complexe : la Bretagne ne produit qu' une faible part de son électricité (moins de 15 %) faute de centrales nucléaires, et guère plus d' éolien (75 MW raccordés au total pour les deux régions Bretagne et Pays de Loire, au 1er/01/2015); en outre, l' ouest est mal relié au reste du pays par des lignes HT susceptibles d' acheminer le courant. Ensuite, cette canicule a entraîné une surconsommation liée au développement de la climatisation, alors que dans le même temps, le développement d' un anticyclone dû à l' épisode caniculaire a mis la production éolienne locale en berne.

LES REPONSES PARADOXALES DE RTE ET CONSORS...

RTE a donc pour projet de renforcer son réseau, et prévu un investissement de 120 millions d' euros d' ici 2017 pour créer une ligne souterraine à 225 000 volts entre Lorient et Saint-Brieuc. D' autre part il va investir 100 millions supplémentaires pour sécuriser les lignes aériennes.

Par ailleurs l' Etat et la région Bretagne ont confié de leur côté, à Direct-Energies et Siemens, après appel d' offres, la réalisation d' une usine à cycle combiné au gaz naturel, donc production émettrice de GES ! Cette centrale sera implantée à Landivisiau (Finistère) et n' interviendra qu' aux moments des consommations les plus fortes, pour éviter un blackout, soit en hiver, soit en été... S' il fallait une preuve que l' on ne pouvait pas compter sur l' éolien, la voilà !

Cette centrale va coûter la bagatelle de 400 millions d' euros pour une capacité de 422 MW : ce projet s' inscrit dans le "Pacte électrique breton" qui vise à sécuriser l' approvisionnement, dans un territoire où la consommation électrique progresse de 1 % par an en moyenne, avec la pression démographique et le développement du secteur tertiaire.

QUE DEVONS NOUS RETENIR DE CET EPISODE ?

D' abord la très grande fragilité des équilibles complexes du dispatching électrique, en période de surcroît de consommation, qui peuvent survenir par grand froid, mais aussi par canicule : le blackout breton peut se reproduire demain, ou survenir ailleurs, par ex. en PACA, région électriquement fragile elle aussi. Mais un blackout régional peut aussi se généraliser très vite à l' ensemble du territoire, et même de l' Europe, si les décisions adéquates ne sont pas prises très vite, il y a des exemples antérieurs sur lesquels je ne reviendrai pas. Et un tel blackout, même régional, n' est jamais anodin dans ses conséquences, je pense à ses commerçants qui ont dû jeter tous leurs stocks décongelés, ce n' est qu' un exemple...

Ensuite, l' inadaptation totale de l' éolien à apporter la moindre bonne réponse à une hausse rapide de la consommation, puisque la seule réponse des bretons, c' est la production thermique à gaz pour faire face aux "pointes" : l' ennui, c' est que cette production ne sera sollicitée qu' en période de pointe, donc à l' arrêt le reste du temps, et il faudra encore subventionner lorsqu' elle ne tournera pas... Cependant, à tout prendre il vaut mieux subventionner un tel dispositif, utile et même sans doute indispensable, plutôt qu' une électricité éolienne intermittente, et inutile...