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/ #1813 Lettre ouverte à François Asselineau, bis

2013-06-06 13:43

Les querelles entre DLR et l’UPR n’ont pas un grand intérêt. Il y a deux ans et demi, je vous avais déjà fait une lettre ouverte, suite à des attaques aussi grotesques que malhonnêtes à l’encontre de Nicolas Dupont-Aignan. Puisque vous persistez, je me résouds à vous écrire de nouveau.

De mauvais procès en mauvais procès

C’est le visionnage d’une de vos conférences à Toulouse avec 20 minutes intégralement consacrées à attaquer Nicolas Dupont-Aignan qui me fait reprendre la plume. Déjà, en novembre 2012, vous vous étiez illustré en publiant sur votre blog un papier, qui dénonçait le gravissime plagiat que Nicolas Dupont-Aignan aurait réalisé en reprenant l’image de copropriété ou syndic au sujet de l’Europe, terme que vous disiez employer fréquemment dans vos conférences.

Par delà le fait que cette image semble assez évidente quand on parle de l’Europe, et qu’il est donc assez ridicule d’en réclamer la propriété, Tythan a montré sur son blog que NDA emploie ce terme depuis plus longtemps que vous… Mais c’est une constante chez vous, dès que l’on a l’audace de dire quelque chose qui ressemble vaguement à ce que vous dites, c’est forcément un plagiat, comme si la terre entière avait les yeux rivés sur vos écrits. Pourtant, on pourrait retourner l’accusation en brandissant les écrits d’il y a 20 ans de Séguin, Chevènement, De Villiers et bien d’autres.

D’ailleurs NDA a pris position publiquement bien plus tôt que vous sur la plupart des sujets européens. Vous agitez aussi la profession de foi présidentielle, qui ne parle pas de l’euro, comme une preuve de duplicité… Mais c’est totalement délirant. Non seulement, nous n’avons jamais varié sur ce sujet, mais je vous signale que la première vidéo de DLR de présentation de nos idées (vues plus de 15 000 fois) est justement sur ce thème là. Sachant que les Français avaient bien en tête ce point précis de notre programme, mais pas les autres, il était logique de développer le reste.

Une vraie différence de vision sur l’Europe

En fait nous n’avons pas la même vision des choses. Vous souhaitez, et cela est parfaitement respectable, que la France quitte l’UE et que notre pays ne participe plus à aucune organisation européenne. Je pense qu’entre les deux, il y a la possibilité de construire une Europe des coopérations à la carte, parfaitement respectueuse des souverainetés nationales et débarrassée de cette technostructure qui prend des décisions que jamais les politiques n’auraient dû leur abandonner.

Mais, à titre personnel, je pense qu’il vaut mieux pas d’Europe du tout plutôt que l’UE ou toute forme légèrement modifiée de l’organisation actuelle. En revanche, je crois qu’il y a une solution préférable, qui est la construction d’une nouvelle Union Européenne, qui répondrait aux critères ci-dessus. C’est d’ailleurs exactement ce que Debout la République avait défendu aux élections européennes de 2009, en proposant aux Français un plan B largement inspiré du plan Fouchet.

Et je me reconnais pleinement dans la campagne présidentielle de Nicolas Dupont-Aignan, qui évoquait la dénonciation des traités existants (qui ne sont plus vraiment légitimes depuis le « non » du 29 mai 2005) pour construire une autre Europe. Et le contexte actuel rend possible cette révolution européenne, quand on constate que la Grande-Bretagne envisage de quitter l’UE, que l’Allemagne y est de plus en plus hostile et que même l’Italie a voté à 55% pour des partis anti-UE.

Le fétichisme de l’article 50

Par-delà notre désaccord profond sur l’avenir de la construction européenne (aucun pour vous, un, radicalement différent, pour nous), nous avons également un point de divergence sur le fameux article 50 du traité de Lisbonne, que vous brandissez comme un point cardinal de votre programme. Tout d’abord, j’avoue être assez étonné que vous souhaitiez utiliser comme arme celle que vos adversaires vous ont donnée, sans vous demander si elle ne pose pas certains problèmes.

Ensuite, et j’étais revenu dessus cet automne, l’examen des modalités de cet article démontre que c’est une impasse. Si on tient à le respecter, cela revient à accepter à l’avance que l’intégralité du droit de l’UE prévale pendant encore deux longues années. En clair, un président qui s’engagerait dans cette voie proposerait in fine de présider le pays pendant seulement 60% du temps. Imagine-t-on un président qui attendrait deux ans pour prendre des mesures protectionnistes ou monétiser ? Ces deux années ne seraient-elles pas un délai idéal pour déstabiliser le nouvel élu ?

Jacques Sapir, d’ailleurs, a consacré plusieurs papiers passionnants pour dénoncer la dépossession de la démocratie par la fétichisation du droit. Il écrit que « la fétichisation de l’état de droit comme état de légalité, est certainement une des tendances les plus dangereuses pour la démocratie elle-même » et plaide pour des actions discrétionnaires dans certaines circonstances où la légitimité démocratique le justifie. Il est bien évident que ce n’est pas en suivant les procédures de l’UE qu’il sera possible de la réformer et qu’il faudra donc s’inspirer de ce que le Général avait fait.

Une autre de vos marottes est que l’Europe serait en fait une construction étasunienne. Si j’ai relayé les informations du très bon livre « Circus Politicus », qui souligne que les Etats-Unis ont en effet aidé la construction européenne, je crois que cette lecture de l’histoire est bien trop réductrice. Ce n’est pas parce que les Etats-Unis l’auraient voulu que l’Europe s’est construite. Je crois bien plus qu’ils n’ont fait qu’accompagner un mouvement puissant au sein de pays européens épuisés par plusieurs guerres. Sans l’appui des Etats-Unis, la CEE se serait sans doute faite.

Des partis et des clubs de réflexion

Alors, vous demandez un débat public avec NDA. Mais à titre purement personnel, je le lui déconseillerai pour plusieurs raisons. Tout d’abord, les différences me semblent claires. Mais surtout, le ton très agressif que vous avez à son égard et vos mensonges répétés font que je ne vois pas pourquoi il faudrait vous accorder cette faveur. J’avais accepté il y a quelques temps un débat sur l’article 50. Puis, j’y ai rénoncé suite aux insultes répétées à mon égard. Débattre impose un minimum de respect, ce que vous et une partie de vos militants ne semblent pas comprendre.

Ensuite, que représentez-vous ? Certes, l’UPR est sans doute un cercle de réflexion dynamique, mais qui ne s’est jamais présenté aux électeurs. Vous avez eu la sincérité de reconnaître avoir réuni seulement 17 parrainages pour l’élection présidentielle. Vous n’avez présenté aucun candidat aux élections législatives quand une trentaine de partis en ont présenté au moins une quarantaine, et plus d’une centaine ont participé au scrutin, comme le montre Laurent de Boissieu. Nous avons été 300 à nous présenter sous les couleurs de DLR. Bref, ce n’est pas à vous de dicter quoique ce soit.

Ces querelles n’ont pas une grande importance. Oui, nous avons une différence de vision de l’avenir de la France. Je ne suis pas opposé par principe à tout projet de coopération européenne, à condition qu’il respecte pleinement la souveraineté de mon pays. Voici un vrai débat que nous pourrions avoir, à condition que vous cessiez les mauvais procès et les mensonges, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

Laurent Pinsolle
http://www.gaullistelibre.com/2013/03/lettre-ouverte-francois-asselineau-bis.html